Rencontre avec Sandra Delavy Gaiddon, designer horlogère.
Bonjour Sandra, quel est votre métier, votre fonction et votre actualité dans votre entreprise ?
[Sandra Delavy Gaiddon]: Je suis designer horloger free-lance, c’est-à-dire je dessine, je design, je crée des concepts innovants en partant de l’esthétique d’une montre. Je travaille sur ce qui se voit en terme esthétique. Je commence par mettre mes idées en dessin sur papier pour les traduire sur ordinateur via Photoshop.
Le processus de design commence par un brief marketing pour compléter les collections, ou de création pure sous l’impulsion du directeur artistique. Je travaille avec les équipes bureau création en lien avec direction marketing, et DA (souvent CEO). Je travaille ensuite avec le bureau développement jusqu’à la mise en fabrication. Comme designer indépendante, mon travail appartient à la marque.
Quelle place tient votre fonction dans la chaîne de valeur et création en horlogère ?
Mon métier est le premier maillon de la chaine de création d’une montre par le brief du CEO, ou du marketing. Après la réalisation du dessin, ce sont les équipes développement qui rendent concrète le dessin. Le temps de création et validation du dessin prend de 1 à 3 mois. Les travaux avec pour prototype jusque production prennent de 1 à 3 ans de développement. Pendant le processus, je reste garante du dessin et son esthétique. Ce qui est passionnant dans ce métier, c’est réaliser des idées !
Quelles qualités, compétences et expériences, faut-il pour arriver à votre fonction ?
J’ai démarré en stage chez Piaget pour valider que j’aimais ce métier. Car il faut aimer les belles choses, être curieux. J’ai fait des études de bijouterie – joaillerie aux arts décoratifs. L’école Boule est aussi une filière. Il faut aussi compter avec les écoles internes, comme celle de Richmond. J’ai ensuite démarré comme designer junior. Puis j’ai évolué comme designer indépendante en travaillant toujours avec fidélité avec la marque pour laquelle j’ai été salarié. Ce qui a changé en 20 ans, c’est la place du design toujours plus prépondérante, et la place des compétences d’infographie ! Mais rien ne vaut un crayon.
Designer, la première qualité est d’être indépendante, et libre. Les idées arrivent quand mon cerveau est « off » : en promenade, l’esprit vagabonde et créée ! Je me nourris d’expo, de culture générale, de créativité.
Avez-vous un conseil à donner à nos lecteurs pour travailler dans cette industrie et à cette fonction ?
Le goût du beau ! Avoir une sensibilité au produit, à la nature, à l’art, voilà ce qui compte. J’avais un grand père qui était à la fois ingénieur, peintre, et ébéniste, et qui m’a sans doute servi de modèle. Et puis j’ai eu un fait déclencheur : je suis entrée chez Bulgari avec mon père et je suis parti avec le catalogue à l’âge de 10 ans. J’ai longtemps regardé ce catalogue comme un livre d’image à rêver. Enfin mon grand-père faisait collection de miniatures dans une pièce secrète : j’ai pris conscience du rare et beau et de l’émotion à cette occasion.
Mes conseils pour ce métier sont d’être dans l’écoute, de capter les attentes, et les tendances. Je pense mon travail comme d’accoucher des idées pour demain. Je fais de la maïeutique horlogère!
Enfin je m’applique à une grande loyauté et transparence pour mes commanditaires dont je taire les noms par confidentialité de ce métier aussi.
Votre maxime sur le temps ?
Je n’ai pas de maxime sur le temps mais ma propre définition : le temps est subjectif ; il n’a que la valeur que vous lui donnez ! Et puis notre propre philosophie sur le temps s’exprime par notre montre. C’est très intime et très émotionnel une montre. Il y a des marques plus masculines et d’autres plus féminines. Des choix sportifs ou a contraire plein de poésie ! Une montre est l’expression de sa personnalité. Mon modèle préféré, c’est la lady féerie de Van Cleef !
Propos recueillis par Alexis de Prévoisin – consultant Expérience Client, Retail, auteur de “RETAIL ÉMOTIONS, retail in motion”. Community manager indépendant pour Job Watch