La « grande Manufacture » Swiss Made de l’horlogerie mécanique devrait s’intéresser de près au no Watch ou smartwatch sans les dénigrer par des produits toujours plus chers… mais plutôt par des produits toujours plus désirables !

Le no watch, le péril dans un monde où les smartphones nous offrent l’heure à tout moment, le port de montres traditionnelles décline, voire disparaît complètement chez certains. Cette tendance du “nowatch”- porté (doux euphémisme) par les moins de 30 ans – représente une menace existentielle pour l’industrie horlogère suisse. Il est alarmant de constater que le statut ne se fait plus à travers des montres de luxe mécaniques, mais plutôt par le biais de smartwatches ou même en l’absence totale de montre. Cette évolution, comparable à une forme d’athéisme horloger, nécessite une réaction urgente de l’industrie… plutôt que de faire confiance à ses heures de gloire. Pour s’en convaincre, à Davos les grands dirigeants portent des Swatch, des Apple Watch ou des …no watch !

 

Le smartwatch, la menace d’un autre côté, les smartwatches comme l’Apple Watch promettent une expérience différente, axée sur la santé et la connectivité numérique. La promesse d’Apple Watch est claire : « c’est l’accessoire ultime pour une vie saine ». On parle de santé, de data… et éventuellement d’heure comme mesure entre 2 remontées d’infos de votre santé. Elles collectent et exploitent des données précises, offrant un accès à un univers numérique contrôlé par les géants de la technologie. Il est illusoire de croire que l’horlogerie suisse peut rivaliser avec ces acteurs de la Tech dans ce domaine… TAG Heuer a essayé de lancer « son deuxième pilier » de collection digitale mais pour revenir vers le monde mécanique et l’automobile !

TAG Heuer Connected Calibre E4

TAG Heuer Connected Calibre E4
Source : TAG Heuer

Le désir, le design et les générations futures ! Pour répondre à cette menace – et ce péril-, l’industrie horlogère suisse doit faire évoluer son approche (si je peux me permettre). En se concentrant sur le design horloger, en intégrant les dernières technologies (oui à la marque), tout en préservant le savoir-faire traditionnel, elle peut reconquérir un public en quête d’authenticité et de qualité, et de storytelling. De plus, rendre les montres mécaniques plus accessibles en termes de prix peut permettre de toucher un plus large éventail de consommateurs, tout en préservant le prestige de la marque suisse.

Bref, ce billet d’humeur se veut anodin au sujet du “nowatch” et des smartwatches, et sans doute c’est par la « désirabilité » que l’industrie horlogère suisse doit innover tout en préservant son héritage. C’est en adoptant une approche créative et agile qu’elle pourra poursuivre sur la route du succès et continuer à prospérer dans un monde en constante évolution !

Alexis de Prevoisin, expert retail et auteur de Store Impact & Retail Emotions