Dans un monde où l’artisanat et la précision sont plus que jamais valorisés, le métier de sertisseur connaît une renaissance. Mais face à la demande croissante de l’industrie horlogère et joaillière, une question cruciale se pose : comment former de nouveaux talents rapidement et efficacement ?
C’est là qu’intervient une école pas comme les autres. Animée par une passion contagieuse pour le sertissage, sa fondatrice a décidé de bousculer les codes en proposant des formations courtes et intensives, parfaitement adaptées aux besoins du marché.
Rencontre avec Virginie Petitti, Directrice de l’école suisse de sertissage basée à Gland.

Virginie Petitti, fondatrice et Directrice de l’École suisse de sertissage

Virginie Petitti, fondatrice et Directrice de l’École suisse de sertissage
Dans un monde où l’artisanat et la précision sont plus que jamais valorisés, le métier de sertisseur connaît une renaissance. Mais face à la demande croissante de l’industrie horlogère et joaillière, une question cruciale se pose : comment former de nouveaux talents rapidement et efficacement ?
C’est là qu’intervient une école pas comme les autres. Animée par une passion contagieuse pour le sertissage, sa fondatrice a décidé de bousculer les codes en proposant des formations courtes et intensives, parfaitement adaptées aux besoins du marché.
Rencontre avec Virginie Petitti, Directrice de l’école suisse de sertissage basée à Gland.
Lors de notre entrevue, vous avez souligné un manque de formation adéquate dans le milieu du sertissage. Quelle est votre vision pour pallier ce déficit ?
Forte de mon expérience personnelle, ayant d’abord été joaillère avant de chercher pendant plus de 4 ans une formation en sertissage, je suis pleinement consciente des défis liés à cette quête de formation spécialisée. C’est pourquoi notre école s’engage activement à combler cette lacune. Nous mettons l’accent sur la transmission complète du savoir-faire, en fournissant des formations adaptées aux besoins actuels du marché. Notre mission est de répondre au déficit de formation en sertissage en rendant possible l’accès à une formation à tous ceux passionnés par ce métier.
Mon objectif personnel a toujours été d’aider les personnes animées par la passion du sertissage, et de transmettre mon savoir-faire afin d’éviter que d’autres ne rencontrent les mêmes difficultés que j’ai eues par le passé.
Vous proposez des formations de 1 à 3 mois et demi, expliquez-nous comment les formations proposées par votre école répondent directement au besoin des entreprises?
Les formations courtes que nous proposons sont spécifiquement conçues pour répondre à l’urgence du besoin en sertisseurs sur le marché. Structurées pour une formation intensive et focalisées sur les compétences essentielles, elles offrent une approche pratique et ciblée. Notre programme est élaboré en collaboration avec des professionnels du secteur, garantissant une adéquation directe avec les attentes du marché.
Quels ont été les principaux défis à surmonter pour obtenir la reconnaissance et comment avez-vous réussi ?
Effectivement, il a fallu plusieurs longues années pour prouver que nos formations étaient à la hauteur. En raison de leur courte durée, il était difficile pour certains de croire qu’il était possible de devenir sertisseur en seulement 3 mois et demi. Nous avons dû démontrer la pertinence de notre offre à maintes reprises, car le scepticisme persistait.
Au début, les critiques étaient virulentes mais nous n’avons rien lâché. Nous avons continué à croire que la transmission était la clé du succès.
Le secteur présente une difficulté supplémentaire en raison du modèle de rémunération basé sur le rendement. Malheureusement, ceci est une entrave à la transmission du savoir-faire. Au fil des années, nous avons réussi à prouver que des individus totalement novices pouvaient effectivement devenir (de bons) sertisseurs en 3 mois et demi.

En quoi les technologies ont-elles permis la féminisation du métier de sertisseur, un secteur traditionnellement masculin ?
C’est vrai que l’industrie demeure majoritairement masculine, et par le passé, la tâche de sertir nécessitait souvent une certaine force physique, ce qui rendait le métier plus difficile d’accès pour les femmes. Cependant, grâce aux récentes avancées technologiques, nous disposons maintenant d’outils innovants qui permettent de surmonter ces contraintes physiques, éliminant ainsi la nécessité d’une force excessive.
Je peux vous assurer que les temps changent, et je ressens une immense fierté à constater l’évolution positive du milieu. Actuellement, je suis particulièrement enthousiaste à l’idée de former et d’accompagner toujours plus de femmes dans ce domaine passionnant. Les nouvelles technologies ont donc non seulement facilité les aspects pratiques du métier, mais elles ont également ouvert la voie à une diversification bienvenue au sein de notre profession et comme dans beaucoup de métiers qui exigent de précision et minutie, les femmes se distinguent particulièrement sur ces compétences de pas leurs aptitudes naturelles et personnelles.
Votre école se décrit comme une “grande famille” où les anciens élèves reviennent pour des questions ou du réseautage. Quel type de soutien offrez-vous concrètement à vos anciens étudiants ?
Je considère comme essentiel que chaque élève se sente valorisé et soutenu même après la fin de sa formation. Aujourd’hui, avec plus de 8 années d’expérience dans l’enseignement, je prends toujours un immense plaisir à maintenir des contacts réguliers avec mes anciens élèves. Pour moi, notre communauté est une grande famille, et il est primordial de favoriser un changement de mentalité dans le secteur du sertissage en encourageant la transmission de connaissances et le soutien mutuel. C’est ainsi que nous grandissons ensemble, et je suis fière de constater progressivement cette évolution positive.
Comment l’expérience terrain des enseignants profite-t-elle aux étudiants face aux réalités du métier ?
Nos formateurs ne se contentent pas d’occuper le rôle de formateurs, ils exercent également à mi-temps au sein de l’entreprise de sertissage haut de gamme de mon conjoint. Cette double casquette leur offre une opportunité unique de rester constamment à la pointe de leur domaine et d’appréhender en profondeur les critères de qualité et les exigences spécifiques des marques joaillières et horlogères renommées.
Cette immersion dans le milieu professionnel constitue un atout majeur, poussant nos enseignants à l’excellence. Ayant moi-même été formée par mon conjoint, je peux témoigner de son engagement à élever constamment son savoir-faire vers l’excellence. Bien que cela ait parfois représenté un défi, cette rigueur a été un tremplin qui m’a permis d’intégrer les métiers d’art au sein d’une prestigieuse maison horlogère, une réalisation dont je suis extrêmement fière aujourd’hui.
Cette connexion directe avec l’industrie garantit que nos étudiants bénéficient d’un enseignement aligné sur les réalités du secteur, les préparant ainsi à relever les défis présents et futurs de leur carrière.

L’ajout récent de la gemmologie au programme enrichit la formation des sertisseurs. Quels sont les apports de cette nouvelle discipline ?
Les sertisseurs bénéficient énormément de connaître la gemmologie, une dimension souvent négligée dans leur formation. Il est crucial de comprendre chaque aspect d’une pierre à sertir pour perfectionner notre travail. La connaissance de sa dureté, la capacité à déterminer si elle peut être chauffée ou traitée avec des produits spécifiques sont des éléments essentiels. Une expertise en gemmologie permet non seulement d’approfondir nos compétences professionnelles, mais aussi de prévenir tout risque de casse ou d’autres problèmes potentiels.
Intégrer la gemmologie dans notre programme renforce donc la qualité de la formation des sertisseurs, en élargissant leur compréhension des matériaux avec lesquels ils travaillent, ce qui se traduit par un travail plus précis, compétent et respectueux des spécificités de chaque pierre.
Vous me parliez que votre école est une opportunité pour les reconversions professionnelles, quelles histoires de réussite vous ont marquée ?
L’école s’efforce activement de rendre la reconversion professionnelle accessible à tous. Nous comprenons qu’il est de plus en plus difficile de demeurer dans le même métier tout au long de sa carrière, d’où notre engagement envers ceux qui cherchent à se redécouvrir professionnellement.
Nous avons mis en place des programmes flexibles et adaptés pour permettre une transition sur mesure vers le domaine du sertissage, même pour ceux qui proviennent de secteurs très différents. Cela inclut des horaires de cours flexibles, des conseils personnalisés pour définir le meilleur parcours de formation en fonction des antécédents professionnels et une attention particulière à la création d’un environnement d’apprentissage inclusif.
Les histoires de réussite qui ont particulièrement marqué notre école incluent des personnes venant de divers horizons tels que des médecins, des coiffeurs, des chauffeurs livreurs, des juristes, et bien d’autres encore. Pour moi, la véritable réussite réside dans le fait qu’une personne passionnée puisse trouver un emploi dans le domaine après avoir suivi nos formations. C’est gratifiant de voir ces transitions professionnelles réussir et de contribuer ainsi à l’épanouissement de nos étudiants.

Comment l’école tisse-t-elle des liens avec l’industrie du luxe ?
Actuellement, la forte demande de sertisseurs sur le marché, accentuée par la reprise post-covid, a créé une importante pénurie de professionnels qualifiés. Cette situation avantageuse permet à nos étudiants de se voir sollicités par les entreprises avant même la fin de leur formation. Nous avons la chance d’être régulièrement contactés par diverses entreprises à la recherche de talents formés dans notre école.
Notre établissement entretient des partenariats solides, aussi bien avec les entreprises du secteur du luxe qu’avec des agences de placement spécialisées. Ces relations fructueuses sont le fruit d’un engagement continu dans la qualité de la formation que nous offrons. Je veille personnellement à recommander régulièrement mes élèves à mes contacts professionnels, facilitant ainsi leur accès à des opportunités d’emploi dès la fin de leur formation.
Regardons vers l’avenir, quel est le plan de l’école pour s’adapter aux besoins futurs du secteur du sertissage ?
Dans notre quête d’amélioration constante, nous sommes actuellement engagés dans le processus de certification eduQua :2021 pour notre école. Cette certification permettra à nos étudiants de bénéficier d’aides à la formation, une initiative d’autant plus cruciale aujourd’hui où nous constatons un manque de soutien financier. Nous souhaitons ainsi faciliter l’accès à notre enseignement de qualité. En outre, un tel processus de certification nous permet de mesurer et d’adapter l’ensemble des procédures qui régissent notre école à tous les niveaux afin de nous permettre de répondre aux exigences souhaitées par cette certification qualité fédérale.
Parallèlement, nous sommes en train de développer des initiations au sertissage invisible, une technique qui se dévoile que trop peu dans notre milieu. Ce nouvel ajout à notre programme, prévu dans les prochains mois, vise à renforcer la diversité des compétences de nos étudiants, les préparant ainsi à un panorama plus étendu de pratiques dans le secteur du sertissage.
Ces initiatives témoignent de notre engagement continu à rester à la pointe de l’enseignement du sertissage, en adaptant nos programmes pour répondre aux évolutions constantes de l’industrie et aux besoins spécifiques de nos étudiants.
Pour découvrir l’Ecole suisse de sertissage, retrouvez-la sur www.esds.ch