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2025 n’a pas été une année confortable pour l’horlogerie suisse.

Après l’euphorie post-Covid, le retour à la réalité a été brutal, parfois même difficile à encaisser pour certaines entreprises.
Entre le ralentissement de certains marchés, les tensions géopolitiques, la question des droits de douane et des stocks devenus trop lourds, le climat s’est nettement tendu. Une année marquée par l’incertitude, où beaucoup ont avancé à vue, sans réelle visibilité sur la suite.

À l’approche de 2026, il nous a semblé essentiel de prendre un peu de hauteur. Benoît Fontaine, directeur de Job Watch, donne ici son analyse sur l’année écoulée, l’évolution du marché de l’emploi et les transformations que l’on commence à voir pour le secteur.

2025 : le contre-coup d’une reprise trop rapide

Pour Benoît Fontaine, les mots viennent assez naturellement lorsqu’il s’agit de résumer l’année :

« Compliqué. Incertitude. Morosité. Et, bien sûr, la question des droits de douane. »

Les difficultés rencontrées en 2025 trouvent en grande partie leur origine dans le contre-coup de la période post-Covid. Après une phase de forte suractivité, le marché a atteint un point de saturation. Les stocks se sont accumulés, certains marchés ont ralenti, et les incertitudes se sont empilées.

Il serait toutefois faux de dire que tout est à l’arrêt.

« Certaines manufactures continuent de très bien fonctionner, ce qui garantit encore des commandes auprès de certains sous-traitants. »

Ce sont des commandes qui permettent à certains sous-traitants de continuer à tourner, même dans un contexte tendu.

On sent aussi que beaucoup continuent d’investir, même si c’est plus discret qu’avant. L’innovation n’a pas disparu, elle avance simplement à un autre rythme, avec l’idée de préparer la suite plutôt que de chercher une croissance immédiate.
Autre élément à surveiller : le retour progressif de certains postes en production en fin d’année.

« C’est encore timide, mais cela pourrait être annonciateur d’une reprise. Reste à voir si cela se confirme début 2026. »

Les RHT jouent aussi un rôle d’amortisseur. Leur prolongation, désormais possible jusqu’à 24 mois, permet aux entreprises de conserver leurs collaborateurs et, surtout, de préserver leur savoir-faire en attendant des conditions plus favorables.
Mais si la situation devait s’inscrire dans la durée, certaines n’auront pas d’autre choix que de se séparer de talents, avec le risque de perdre des compétences clés.

 

Emploi : un marché sous tension

En matière d’emploi, la réalité est assez brutale.

« Le nombre d’annonces publiées a été divisé par quatre par rapport au pic de 2023. »

Les recrutements en production ont quasiment disparu en 2025. Faute de perspectives claires, les entreprises se montrent extrêmement prudentes et repoussent autant que possible toute décision d’embauche.
Dans ce contexte, les attentes évoluent.

« Les candidats sont plus nombreux sur le marché, ce qui fait monter le niveau d’exigence des employeurs. »

Certaines compétences restent rares, et le restent même quand le marché se tend.
C’est notamment le cas des métiers de la terminaison horlogère et du sertissage. À cela s’ajoutent des profils en assurance qualité, Lean et amélioration continue, ainsi que les constructeurs.
Parallèlement, une autre tendance se confirme : la montée en puissance des compétences liées à l’IT, à la data analyse et à l’intelligence artificielle.

« Ces compétences ont clairement progressé dans les demandes, aussi bien côté manufactures que sous-traitance. »

 

2026 : prudence, diversification et formation

À quoi faut-il s’attendre pour 2026 ?

Benoît Fontaine reste mesuré. Aucun signal fort ne permet aujourd’hui d’annoncer une reprise franche et rapide. Les petits signaux observés en production en fin d’année sont à suivre, mais ils ne suffisent pas à dessiner une tendance solide.
Pour les entreprises, les défis seront nombreux. Dans la sous-traitance notamment, cette période difficile pourrait accélérer la diversification vers d’autres secteurs comme le médical ou la machine-outil.

Un point d’attention majeur reste lié aux RHT.

« Si aucune mesure politique supplémentaire n’est mise en place, certaines entreprises n’auront d’autre choix que de se séparer de collaborateurs, avec une perte de savoir-faire à la clé. »

Pour les candidats, le message est clair, même s’il n’est pas forcément confortable à entendre.
Ce n’est pas forcément ce que l’on a envie d’entendre dans ce contexte, mais le temps disponible devrait être mis à profit pour se former.

« La formation reste un levier essentiel de l’employabilité. »

Job Watch dans une année à part

Comme l’ensemble du secteur, Job Watch a été directement impacté par la baisse des recrutements.

« Les entreprises ont beaucoup moins recruté et ont donc moins fait appel à nos prestations. Beaucoup nous ont toutefois indiqué qu’elles reviendraient vers nous dès que les besoins réapparaîtront. »

Le ralentissement a aussi laissé plus de temps pour travailler sur le fond.
Partenaire de nombreux instituts de formation continue, Job Watch a profité de cette période pour revoir la partie formation, repartir sur un concept de plus clair et plus solide, et nouer de nouvelles collaborations.
En parallèle, Job Watch a consolidé sa position de cabinet de recrutement spécialisé, au-delà de son rôle historique de site emploi.
La marque employeur, très en vogue en 2023 et 2024, a perdu de son élan avec la baisse des recrutements. Certaines entreprises ont toutefois poursuivi leurs efforts, accompagnées par Job Watch à travers des actions de communication ciblées.
Benoît Fontaine insiste également sur un point : l’état d’esprit des équipes en interne.

« Cette année plus difficile a resserré les rangs. Nous avons gagné en efficience, gardé notre esprit d’innovation et continué à regarder vers l’avant. »

 

Regarder plus loin avec Job Watch

Après plus de 18 ans au service de l’horlogerie et de la microtechnique, une chose est claire pour Benoît Fontaine : Job Watch arrive à un moment charnière.
Une première évolution importante interviendra au cours du deuxième trimestre 2026.
Sans en dévoiler les contours, il s’agira d’une transformation en profondeur, pensée pour accompagner l’évolution des métiers et des industries. L’horlogerie, la sous-traitance et le luxe restent au cœur de l’ADN, mais la réflexion s’élargit, avec l’envie d’ouvrir le champ à d’autres univers et à de nouvelles compétences.

« Le marché change, les métiers évoluent, et notre rôle est d’évoluer avec eux. »

Une seconde étape suivra dans la deuxième partie de l’année.
Elle concernera plus directement la manière dont les entreprises et les candidats se rencontrent aujourd’hui. L’objectif est clair : aller plus loin sur la qualité, avec des candidatures mieux ciblées, mieux préparées, et un accompagnement plus exigeant, aussi bien côté entreprises que côté candidats.

« Il ne s’agit plus seulement de publier des offres, mais de proposer des solutions réellement utiles et précises. »

Deux évolutions différentes, mais une même volonté : faire évoluer Job Watch pour qu’il reste en phase avec un marché qui se transforme, et avec des attentes qui ne sont plus les mêmes qu’il y a quelques années.
Le message est clair.
Dans un contexte difficile, les acteurs de l’horlogerie et de la sous-traitance se démènent pour trouver des solutions.

« Le beau temps finira par revenir. Et nous serons présents pour les accompagner dans leur croissance retrouvée. »