RENCONTRE : Rencontre avec une Pascal Legendre, grand maître horloger et spécialiste de grande complication : celles des sonneries.
Expert « grandes sonneries » et des mélodies de montre au-delà du « Tic Tac », Pascal Legendre élève l’horlogerie au rang d’Art. Créateur, ajusteur, Pascal fait sonner les gardes de Temps chez Bulgari, marque spécialiste de ce type de complication. ll a participé à la mise au point des modèles tels que l’Octo Finissimo Répétition Minutes, la montre la plus plate au monde dans sa catégorie, et l’Octo Roma Grande Sonnerie Calendrier Perpétuel, la montre la plus complexe de Bulgari. Pascal Legendre est un horloger passionné qui raconte les montres à sonnerie.
Quel est votre métier, Pascal ?
[Pascal Legendre]: Mon métier est celui d’horloger sonnerie et grande sonnerie. Je travaille avec 4 personnes chez Bulgari dans cet atelier. C’est de l’art à l’état pur. C’est faire sonner les montres avec des mélodies, où le graal est « la grande sonnerie » chez Bulgari. Nous sommes les musiciens des montres.
Quel est exactement votre métier (ce que vous faites au quotidien), votre fonction et votre actualité dans votre entreprise ?
Horloger. Nous travaillons à la fabrication des mécanismes qui font sonner, à leur mise au point ou alors à leur réparation. Faire sonner mixe la mécanique d’horloger et le mécanisme de sonnerie spécifique : marteau et mécanismes pour fabriquer des notes et des sons. Nous disposons de 2 à 4 marteaux qui vont faire sonner et jouer une petite mélodie, comme dans les premières boites à musique.
Je suis « homme-orchestre » (rires) avec mes équipes comme créateur de sonnerie. Notre discours est d’être inventeur et poète à la fois. La montre entre dans une dimension de son et non plus « que visuel ».
Pour nous inspirer, j’écoute la nature, la vie, une mélodie de téléphone ou d’église. Je vous confie ma préférée qui est unique au monde : celle de Big Ben à 12 :00 ou 00 :00. Postez-vous à Londres si vous passez, c’est unique au monde. J’ai découvert les sonneries en écoutant les pendules de nos grands-parents.
Quelle place tient votre fonction dans la chaîne de valeur et création en horlogère ?
Nous sommes dans la partie « création – fabrication » de la montre. C’est de l’artisanat d’art industriel et nos métiers sont d’être des industriels avec nos mains, nos sens comme outils de création. Je ne suis pas spécialement musicien d’ailleurs.
L’horlogerie, c’est de la passion ! C’est un métier d’inventeur. C’est un métier au cœur de la création, et de l’art. C’est partager sa passion et son expertise avec ses clients (au cours des livraisons et réparations) et ses équipes (vente et fabrication). C’est faire du conseil dans la durée. Ce qui est important ensuite, c’est la communication au-delà de l’horlogerie et c’est surtout d’essayer une approche toujours plus personnelle.
Quelles qualités, compétences et background faut-il pour arriver à votre fonction ?
Être précis, rigoureux et passionné ! J’ai fait 4 ans en étude à Rennes, puis je suis parti en Suisse où tout se passe ! Après une série d’entreprises, je suis entré chez Bulgari. On ne peut arriver à ce métier sans avoir fait ses classes dans différents métiers d’horlogerie.
Avez-vous un conseil à donner à nos lecteurs pour travailler dans cette industrie et à cette fonction ?
Mon conseil : la seule raison de travailler en horlogerie, c’est la passion ! La passion ça marche toujours dans la vie et comme moteur de travail. Ce qui manque aujourd’hui, ce sont des gens passionnés pour rencontrer des clients passionnés.
Votre maxime sur le temps ?
Profitez du temps et « écoutez le temps ».

© G.Perret/Lundi13
Propos recueillis par Alexis de Prévoisin – consultant Expérience Client, Retail, auteur de “RETAIL ÉMOTIONS, retail in motion”. Community manager indépendant pour Job Watch